Eutopie
Niort (Deux-Sèvres)
MAÎTRISE D'OUVRAGE
Privée
SURFACES
Habitation : 107m²
Bureau : 50m²
MISSION
Mission complète
COÛT DES TRAVAUX
Entreprises : 100 000 euros HT
auto-construction (fourniture seule) : 30 000 euros HT
LIVRAISON
Gros oeuvre : 2017
Auto-finitions : en cours
PROGRAMME
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ONT TRAVAILLE SUR LE PROJET
TROUBAT : maçonnerie et couverture en tuiles tiges de botte
PARRAULT MENUISERIE : charpente et structure bois
PATRICE COUE : menuiseries extérieures bois
HOLLER ISOLATION : isolation par l'extérieur en fibre de bois et ouate de cellulose
PROFILEO : chauffage central avec poêle à pellet et chauffe-eau thermodynamique
BG THERMIQUE : plomberie
DMB : location de matériel (grue pour poutre faîtière)
LARS KRAMPE : sol argile
BMI PEINTURE : conseils et vente peintures et enduits écologiques
SAPERLIPOPETTE : couturière
Réhabilitation d'une maison pierre, une démarche écoresponsable jusqu'auboutiste
Ce projet de réhabilitation est particulier car il s'agit de notre maison/bureau pour laquelle nous avons cherché à pousser les aspects écologiques aussi loin que possible, tout en restant dans un budget raisonnable.
Le choix de la réhabilitation lourde a été pour nous une évidence, c'est en effet le premier paramètre pour baisser la quantité d'énergie et de matière nécessaire pour habiter grâce à la préexistance d'une partie du gros-oeuvre (murs et fondations).
C'était aussi un gisement de matière première, que nous avons allégrement utilisé pour la reconstruction (voir plus bas).
La lumière et les espaces extérieurs
La parcelle de la maison est étroite et longue, traversante entre deux rues. Le bâtiment d'origine est comme coincé entre deux propriété plus hautes que lui et sa toiture couvre la totalité de la parcelle, il n'offre alors ni lumière ni espace extérieur.
Nous avons décidé d'habiter sa partie centrale, les bureaux en rez-de-chaussée et la maison aux étages, et de créer de part et d'autre des espaces extérieurs en supprimant des portions de toit ce qui nous permet aujourd'hui de profiter généreusement de la lumière et de la chaleur du soleil est et sud en particulier.
Le plancher de la nouvelle terrasse à l'étage, en continuité du salon, est posé à claire-voie (vide entre les lames) afin d'amener la lumière sud jusqu'au rez-de-chaussée.
Nous avons profité de la nécessaire reconstruction de la toiture _ basse, structurellement sous-dimensionnée et en mauvais état _ pour surélever l'étage dont la surface au sol était tronquée. Aucune ouverture supplémentaire n'a été créée dans le bâtiment existant, ce qui est un gain économique important.
Le bioclimatisme, isolation thermique et inertie
La chaleur du soleil parvenant dorénavant jusqu'à l'intérieur de la maison, il s'agit de la retenir et de la stocker : deux principes bioclimatiques. La maison est donc isolée par l'extérieur pour limiter les déperditions, par de la laine de bois et de la ouate de cellulose, ce qui laisse les pierres apparentes sur l'ensemble des murs intérieurs. Les matières touchées par le soleil possèdent une forte inertie (murs en pierre, sol en terre crue, enduit chaux-sable et enduit argile), ils accumulent la chaleur et la restitue lentement pour maintenir une température agréable tout au long de l'année.
Les matériaux naturels et sains : locaux, biosourcés et géosourcés
Pour les éléments neufs, nous avons sélectionné les matériaux naturels, autant que possible disponibles à proximité et adapté aux usages attendus : de la terre crue en mur et au sol (Argilus, Vendée) pour stocker la chaleur du soleil ; de l'enduit chaux-sable sur les murs pour sa capacité d'hydrorégulation ; de l'épicéa français, bois léger et économique pour la surélévation et la charpente ; du robinier faux-acacia, bois très résistant en extérieur (scierie Méponte, Melleran) pour la terrasse et le revêtement mural de la salle de bain ; de la laine de mouton (Naturelaine, Pyrénées) pour l'isolation du sol de la cuisine ; etc.
Déconstruction, récupération, réemploi, tri et recyclage
Ayant déconstruit nous-mêmes le bâtiment existant, nous avons pu trié soigneusement les "déchets" du chantier en trois catégories :
- les matières directement réemployées sur le chantier comme les tuiles canal tiges de bottes réutilisées en tuiles de couvert, les éléments bois détournés en voliges de toit, structures diverses et en mobilier d'intérieur combinés avec les anciennes gaines électriques en acier, les pavés pierre réemployés comme tels, quelques pierres de taille qui seront sciées pour servir de dalles de sol, etc. ;
- les matériaux pouvant être réemployés mais qui ne nous serviront pas sur notre chantier, que nous avons donné ou revendu ou que nous préservons pour réutiliser sur nos autres chantiers, tels que les tuiles mécaniques (don), deux verrières anciennes en bois (l'une donnée et utilisée dans notre projet "Le 58", l'autre donnée et en attente d'un repreneur), quelques pavés de la cour arrière (vendus), des pierres de taille revendues en partie à un maçon pour en faire des placages ;
- les matériaux en fin de vie, dont la seule utilisation possible reste le recyclage tels que le bois pourri, le plâtre et les tuiles creuses, qui ont fait l'objet eux-mêmes d'un tri minutieux avant envoi en déchetterie.
De l'autoconstruction pour économiser
En dehors du gros-oeuvre, nous avons réalisé les travaux en auto-construction : planchers bois, cloisonnement, certaines isolations et finitions des sols et murs, mobiliers, car les matériaux naturels et locaux sont souvent soit peu onéreux à l'achat mais demandant une mise en œuvre longue et donc onéreuse (c'est la cas par exemple pour la paille, le chanvre, le tadelakt, le jointoiement des pierres), soit simplement plutôt chers à l'achat car encore peu industrialisés et distribués (argile formulé, pierre naturelle, etc.).
Le réemploi notamment n'est pas accessible sans mettre la main à la pâte car la remise en état des matériaux (brossage, nettoyage, réparation) est longue.
PLAN DE L'ÉTAGE 1
(étage d'accès à la maison, le rez-de-chaussée étant réservé aux futurs bureaux)
PLAN DE L'ÉTAGE 2
Du mobilier avec les "déchets" du chantier
Nous nous sommes beaucoup amusés à réaliser le mobilier d'intérieur avec tout ce qui pouvait se trouver sur notre chantier et dont la quantité ou les sections ne permettait pas de les réemployer dans la construction à proprement parler.
Voici deux exemples (parmi d'autres) de réalisation sur-mesure, tout en déchets.
Le meuble-écran
Un meuble de salon avec un écran de cinéma rétractable. L'écran est accroché au mur par une simple vis.
A base d'une poutre en chêne dont une partie avait été attaquée par un champignon et des planches de peuplier servant de cloison dans l'entrepôt avant travaux.
Le canapé modulaire
Les modules de canapés se déplacent dans le salon au gré des besoins et des envies grâce à leurs roulettes (sur deux pieds uniquement). Il suffit d'enlever les coussins pour que les modules sans dossier deviennent des tables. Ils sont construits à partir des anciens chevrons de la toiture et des gaines acier des circuits électriques. Les coussins sont rembourrés en laine de mouton, les housses en lin français (lin de France). Ils sont déhoussables et réversibles pour une plus longue durée de vie. Les coussins et les housses ont été réalisés par Saperlipopette, couturière à Magné.
A venir...
Enduit tadelakt dans la douche, mezzanine des chambres et sa verrière, sol en pierre de réemploi, escalier en bois de récupération, moquette en laine de mouton dans la chambre, le bureau et les extérieurs.